Désillusion
Tu te prépares, tu y penses et y repense. C’est encore cette période de l’année. Tu as envie de te mettre au régime, changer de coupe et de lunettes ainsi que refaire le monde autour de toi, à ton image. C’est une nouvelle année, c’est une nouvelle page … pour encore plus de bêtises ? NON Merci. Pas pour cette fois. Cette fâcheuse manie de prendre chaque année qui passe pour un brouillon. Etaler des listes de résolutions que tu ne vas pas du tout tenir. Mais ta vie ne changera pas pour autant, tu en es conscient. Tu ne t’en donnes même pas forcément les moyens. Une nouvelle routine s’installera ainsi que de nouvelles habitudes (pour être optimiste et ne pas dire que toutes les anciennes mauvaises manies te poursuivront). Mais tu espères, fort, très fort, que tu ne seras pas livré à toi-même et que tous autour de toi feront en sorte que ce soit différent. Parce que seul, tu ne t’en crois pas forcément capable. Quand tu te décides enfin à être égoïste. Vivre ton moment de gloire. Quand tu essayes par tous les moyens de trouver enfin un sens à ce que tu fais de ta vie mais que ce n’est plus vraiment légitime dans les conditions actuelles (parce qu’il y a des priorités dans la vie…) Parce qu’ailleurs d’autres souffrent. Dit comme ça, c’est peut être mielleux mais notre solitude ou nos chagrins en deviennent moindre. A l’injustice, aux oubliés et au combat qu’ils mènent au quotidien contre cette ….... vie (je m’abstiens et vous laisse le soin de lui donner vous-même un adjectif convenable). "صابرين حتى يبان الحق, ساكتين حتى يبان الحق." Un silence pesant, oppressant, étouffant. On s’adonne à ce petit jeu de coloriage. On retombe en enfance. On s’amuse à mettre de la couleur là où il n’y en a plus. A vouloir créer une vie là où il n’y en a plus. On ne tend pas la main, on force les choses. A un certain moment, plus personne ne suit, plus personne n’est consentant. On s’égare. Le jeu n’est plus ni innocent ni enfantin. Le coloriage n’est que triste déguisement, une imposture. Un énorme mensonge, prémédité, calculé, voulu, surfait et médiatisé. De l’encre a coulé, beaucoup de sang a coulé. Un combat solitaire, des cris sourds et étouffés. C’est l’histoire d’une vie, d’une histoire, de ce visage commun qui se fond très facilement dans la masse parce qu’on ne le connait pas. Cela n’arrive qu’aux autres du moment que ça ne nous a pas encore touché, cela ne nous concerne pas tant que ça ne nous a pas encore frappé. Chacun son rythme, ne vous bousculez pas, ne me brusquez pas mais il faut croire que ça tourne vite, ça arrive très vite. Face aux maux des autres, je ne sais jamais quelle attitude adopter. La pitié, la compassion à leur douleur. Je ne sais pas si dénoncer l’injustice peut servir à l’éliminer. Parce que OUI, je fais partie de ces gens qui n’ont pas confiance en leur impact. Parce que OUI, je me dis encore que c’est la faute à la société, que c’est la faute à la mauvaise gouvernance, que c’est la faute au système, tu sais. Parce que maintenant et enfin maintenant, j’ai ouvert les yeux sur les autres. Désormais je ne vois plus les autres, je vis avec eux. On a tous nos démons, tous nos combats. Quelle que soit votre foi. Quelle que soit votre confession. Quelles que soient vos croyances. Pensez à eux très fort, priez pour eux …. Parce qu’il faut le vivre pour le savoir. Quand tu as l’impression de perdre le nord, que tu divagues et essaye de retrouver ton chemin…tu t’indignes. Mais tu restes fière.
Nour El Filahi
Élève-Ingénieure en 1ére année à l'ENSMR
