Interview avec Mr Ngote

Mr Nabil Ngote enseigne l'électronique et l'électrotechnique à l'ENSMR. Etant lui même un électromécanicien lauréat de notre école, son air convivial, sa bienveillance et ses plaisanteries bien amusantes le démarquent des professeurs et lui font occuper une place spéciale chez les Ensmristes. Dans cet interview, il nous communique sa vision de l'école, son avis concernant sa formation, et il nous adresse quelques conseils qu'on devrait tenir à cœur...

Etant un ancien lauréat de l'Ecole Nationale de l'Industrie Minérale, quels sont les changements que vous percevez par rapport à l'époque où vous étiez encore un élève de l'école ?

Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour m’avoir accordé cette interview. C’est toujours un plaisir pour moi de communiquer avec des futurs lauréats de notre école.

Quels sont les changements ?

En fait, notre école a connu plusieurs changements depuis que j’y étais étudiant (Septembre 1984 – Juin 1990) :

• D’abord, elle est passée du régime de six années, où les étudiants étaient recrutés à partir du baccalauréat et où les années préparatoires étaient intégrées, au régime de trois années où les étudiants proviennent des classes préparatoires. Cette première réforme, si j’ose dire, s’est impérativement accompagnée d’un sentiment de « vivre moins l’Ecole » ; le séjour y étant passé de 6 à 3 ans !

• Puis, l’école a connu vers la fin des années 1990 le passage vers le système de Polyvalence et, de ce fait, toutes les disciplines ont vu leur volume horaire réduit. Certes, on dispense plus de matières, mais l’impression que j’ai, c’est que tout le monde « reste sur sa faim » : l’étudiant n’a pas le temps d’approfondir ses connaissances dans toutes les matières et l’enseignant non plus n’a pas le temps de tout développer.

• Plus récemment, avec le nouveau système d’accréditation des filières, nous sommes sur une version entre la polyvalence (qui est devenue la particularité de notre école) et la spécialisation, puisqu’on parle de filière ! Les volumes horaires par matière se sont légèrement allongés, mais pas assez pour tout développer !

Bref, je résumerai mes sentiments comme une impression de « rester sur sa faim » ou de « ne pas assez vivre l’école »

Depuis combien de temps enseignez-vous ici ? Et comment a été votre expérience durant cette période ?

Comme je vous l’ai dit, j’ai suivi le cursus des six années de l’école, j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur électromécanicien en juin 1990 et j’ai directement intégré l’école comme maître assistant en septembre 1990. Je me suis d’abord occupé des Travaux Pratiques d’Electronique et d’Electronique de Puissance. La charge des Travaux Dirigés d’Electronique m’a été confiée deux ans plus tard, soit en 1992/1993. Mon premier cours magistral fut celui de l’AMDEC (3ème année) qui m’a été confié en septembre 1999. En 1999 également (novembre), j’ai été désigné Responsable du Tronc Commun, poste que j’ai occupé pendant presque 13 années. Je pense que c’est la période qui a le plus marqué mon expérience au sein de l’école : je sentais que je faisais « quelque chose » pour MON ECOLE. Depuis la planification, la programmation, en passant par l’organisation et la supervision des concours, le recrutement de professeurs, tant vacataires que permanents, l’adaptation des volumes horaires, les négociations avec les étudiants, ….. Tant de missions que j’ai eu à accomplir durant cette période ! J’ai beaucoup appris durant cette période, d’abord du point de vue gestion et organisation (C’est durant cette période que les effectifs ont doublé !) et puis du point de vue relationnel : Gérer les trois niveaux, soit 900 étudiants et plus d’une soixantaine d’enseignants (permanents & vacataires). Je pourrais parler des heures sans m’arrêter !

A notre âge, imaginiez vous être professeur ici ?

Sincèrement, non. J’aurai tout imaginé, sauf être de « l’autre côté ». Mais que voulez-vous ? Au fil des 6 années d’études, des liens se sont tissés entre moi et mon établissement, je ne voulais plus le quitter et donc j’ai décidé d’y rester !

Je me rappelle le jour de ma soutenance, c’était un vendredi, le vendredi 22 juin 1990 à 14h30, alors que je descendais les escaliers de l’Amphi 3 pour commencer mon exposé, mon Directeur de PFE m’a dit : « J’attends ta demande d’embauche sur mon bureau le lundi ». C’était un réel plaisir pour moi d’être embauché avant même d’être diplômé !

Quel est votre jugement sur la promotion actuelle des premières années ? Prometteurs ? Décevants ? Les premières années ! Très bonne question !

D’abord ce sont l’espoir, ce sont la jeunesse, ce sont le symbole l’accomplissement de tout ce que j’aurais souhaité faire mais que je n’ai pas fait !

Ce que je trouve un petit peu dommage, c’est que vu l’effectif relativement élevé (300 étudiants) et le volume horaire relativement réduit (18 heures en Electrotechnique et 16 heures en Electronique), je n’arrive pas à vraiment faire connaissance avec mes étudiants !

Je ne peux donc porter de jugement « juste ». Une bonne partie de la promotion me paraît motivée, intéressée. Le courant passe bien entre nous. N’empêche, il y a toujours cette catégorie dangereuse de « présents – absents » ! … Je rigole.

Quel est votre avis sur la formation polyvalente de l'ENSMR ? Comme, je vous l’ai dit en répondant à votre première question, la formation polyvalente est devenue depuis la fin des années 1990 la spécificité de notre école. La seule chose que je lui « reproche », c’est de nous laisser un petit peu sur notre faim !

Etant vous même un Electromécanicien, que pensez vous de la position qu'occupe le domaine électrique dans le monde industriel ? Je résumerai en une seule phrase : L’électromécanique fait partie des vieux métiers, et les vieux métiers ne vieillissent jamais !

Est ce que vous avez un mot ou un conseil à présenter aux élèves de l'ENSMR ?

Vous savez, vos trois années de séjour passent très vite ! Essayez donc de profiter au maximum de votre école : Profitez d’abord de votre corps professoral ; ils sont là pour vous, essayez donc de tirer le maximum d’eux. Profitez également de vos laboratoires et des équipements qui y sont mis à votre disposition. Profitez finalement de votre passage pour compléter votre formation « extra » : Essayez d’intégrer une ou deux activités para-universitaires …

Mr Nabil Ngote, professeur d’électronique et d'électrotechnique à l'ENSMR